Renard de Darwin, Pudu et Opossum menacés dans les forêts du Chili
En novembre 1835, la comète de Halley traversa le ciel. Il est probable que Darwin l’ait observée à bord de son navire, le HMS Beagle, alors qui doublait le Cap Horn.
Désormais, il longeait la côte ouest du sud du Chili et faisait route vers l’archipel des ‘’Chonos’’ et son millier d’îles. Il a dû croiser ce peuple de nomades des mers, qui vivaient sur leur Dalca (pirogue) dans ce labyrinthe de canaux et de fjords qui composent la Patagonie Chilienne. Puis il a poursuivi plus au nord vers Chiloe, une grande île costière, isolée, faisant face aux entrées pluvieuses de l’océan Pacifique, s’étirant à une poignée de kilomètres des montagnes de la Cordillère des Andes. En débarquant sur la côte Est, sous un ciel clair et pur, l’œil de l’explorateur a dû être surpris par ces collines et ces prairies verdoyantes surplombant la mer. Darwin a également dû s’aventurer quelque peu dans la partie occidentale de l’île, beaucoup plus humide, peuplée de feuillus, de hêtres, de conifères et de cyprès.
Près de 180 ans plus tard, la forêt de Chiloe et plus globalement celles qui entourent la ville de Valdivia au centre du Chili, demeurent parmi les dernières forêts primaires d’Amérique du Sud. 110 espèces d’oiseaux, des loutres marines, des otaries à crinière… vivent le long des côtes de Chiloe. En 1835, Darwin y avait même découvert une espèce endémique de renard, qui porte désormais son nom. Il avait également croisé le chemin des ‘’Monitos del monte’’ (les petits opossums australs) ou bien encore du ‘’Pudu’’, le plus petit cerf au monde.
Avec le développement des activités d’exploitation forestière, ces espèces endémiques habituées à un habitat particulier, sont directement menacées d’extinction. L’opossum, mammifère arboricole se nourrit de larves et d’insectes au cœur de cette forêt pluviale. Il construit également son nid à partir de bambous, de mousses et d’herbes, avant d’hiberner pendant l’hiver austral. L’IUCN a observé le déclin de la population de l’opossum au Chili, qui pourrait prochainement se trouver en danger d’extinction dans les réserves de Los Ruiles et de Los Queules. Le renard de Darwin est quant à lui menacé d’une façon critique à Chiloe et dans le parc national de Nahuelbuta, selon l’échelle de risques de l’IUCN. La population restante est inférieure à 250 individus. Durant l’hiver, le renard recherche des conditions plus douces vers des zones habitées. Il subit la fragmentation des forêts et le braconnage. C’est également le cas du Pudu dont la population est en déclin. Ce très petit cerf solitaire se nourrit de pousses d’arbres indigènes, de fruits, de nombreuses espèces de plantes herbacées et de fleurs. Chassé, il a fait ces dernières années l’objet de collectes illégales pour les zoos et les collections privées.
Les Chonos se sont métissés et ont fini par abandonner leur culture ancestrale; ils ont disparu de tout récit ou témoignage au début du 19e siècle. La comète de Halley voyage sur une orbite elliptique qui nécessite 76 ans pour faire le tour du soleil. Son prochain passage est prévu le 28 juillet 2061. Alors prenons date et engageons les actions nécessaires pour protéger les forêts primaires… afin qu’au prochain passage de la comète, il reste encore des renards de Darwin, des opossums et des pudus dans les plus anciennes forêts primaires de Patagonie !
Le renard de Darwin, l’opossum et le pudu menacés d’extinction
Un voyage dans le temps qui nous permet d’explorer les lieux inconnus et des vies animales précieuses que nous pouvons décider de préserver ou pas pour les futures générations.