Il est une île aplatie au large de Cape Town, par la tristesse, parfois l’injustice, mais jamais la résignation. Cette île, c’est Robben Island. L’île des saboteurs, des lépreux que croisaient les navires marchands, les goélettes frivoles et les cargos ventrus. Nelson a quitté Robben Island, sa cage, les murs ardents de sa prison, les travaux forcés de la carrière de chaux et les courants glacés de l’atlantique sud, il y a 22 ans. Pour rejoindre les rives de sa nouvelle Afrique qu’il espérait réconcilier.
A quelques centaines de kilomètres de là, il est une volière, la plus grande au monde, dressée entre deux océans, par l’espoir, le volontarisme et peut être l’obstination. Son nom est ‘’Birds of Eden’’.
Au cœur des fondations végétales d’un très large chapiteau grillagé, s’agitent et s’endorment chaque jour plus de 3000 oiseaux issus de 200 espèces du monde entier: touracos, toucans, faisans dorés de Chine, perruches, perroquets, flamants roses et ibis rouges. Entre les feuillages joufflus, sur les cimes étagées, aux racines de la forêt tropicale, chacun parade dans un foisonnement de plumes agitées, de becs colorés et de cris chahutés sous le regard trop lent du visiteur.
Tous ces oiseaux n’ont pas quitté leurs îles lointaines, leurs côtes paradisiaques, leurs forêts premières pour se rendre dans cette volière géante. Ils habitaient captifs chez leurs propriétaires. Ce projet inédit Birds of Eden a permis de bâtir à l’autre bout du monde, à la pointe de l’Afrique, ce sanctuaire pour tous ces oiseaux finalement jugés trop encombrants par leurs acquéreurs. Un sanctuaire au sein duquel il leur est de nouveau permis de voler. Ici ils ne sont plus ni chassés, ni marchandés. D’une île à l’autre, d’un océan à l’autre, l’homme et l’animal partagent souvent le même destin. Ne l’oublions pas pour bâtir un nouveau monde réconcilié demain.
Ce portfolio contient les photos, non retouchées, des oiseaux que nous avons rencontrés en Afrique du Sud.